<p>C'est la quête de l'infini qui, à travers la peinture, la sculpture et, plus récemment, le cinéma guide le travail de l'artiste haïtiano-canadien</p>

Chloë Ashby

On the rise : Manuel Mathieu

<p>À l'âge de 15 ans, l'artiste d'origine haïtienne Manuel Mathieu est initié à l'art occidental par son cousin, Mario Benjamin. Ce dernier lui montre des revues où figurent des œuvres de Willem de Kooning, de Christo et Jeanne-Claude, de Clyfford Still, de Cornelia Parker et de Pierre Bonnard. « J'avais l'impression que ce que ces gens avaient en eux était infini, et je voulais explorer cela – être connecté à la source », me dit Manuel Mathieu lors de notre rencontre à Londres. « Il ne s'agissait pas d'être un artiste, parce que je ne savais pas ce que c'était. J'étais juste attiré par ce sentiment d'infini. J'ai alors commencé à travailler, et je n'ai plus jamais arrêté. »</p>

<p>Depuis qu'il a obtenu son baccalauréat en arts visuels à l'université du Québec, à Montréal, et une maîtrise en beaux-arts à Goldsmiths, à Londres, Manuel Mathieu s'exprime à travers le dessin, la peinture, la céramique et l'installation. « Je viens aussi de réaliser et de produire mon premier court métrage », dit-il en souriant, avant d'ajouter : « Je suis partout – peu importe où le travail me mène, je lui fais confiance. » Mais le médium auquel il revient sans cesse est la peinture. « Pour être honnête, je pense que c'est parce que je ne suis pas encore sûr de la saisir. Cela répond à mon désir d'apprendre et d'évoluer. »</p>

<p>Les peintures kaléidoscopiques de Manuel Mathieu sont abstraites ; pour autant, des personnes, des moments et des lieux en émergent. Elles associent la culture visuelle haïtienne et les mouvements artistiques occidentaux, et puisent leur inspiration dans les ouvrages explorés par l'artiste dans son adolescence, ses conversations, ses expériences et ses photographies. « L'image originelle n'est qu'une structure », dit-il. « Si vous regardez un tableau et une photographie côte à côte, vous pouvez voir cette structure, mais si vous regardez un tableau seul, c’est une autre histoire. » Manuel Mathieu est particulièrement fier de deux œuvres : <em>The Ritual</em> (2018), une toile lumineuse de couleur jaune citron et violet, librement inspirée d'une photo de l'artiste réalisée depuis son lit d'hôpital – à la suite d’un accident de la circulation –, et <em>Les Immortels</em> (2022), large diptyque inspiré de l'iconographie mythologique chinoise, qui représente la scène des huit immortels sur un bateau. L’artiste aspire à ce que chaque spectateur∙rice apporte à chaque œuvre une perspective unique : « J'aimerais qu'iels se fassent confiance. »</p>

<p>Manuel Mathieu est représenté par&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/gallery/1424/Pilar-Corrias">Pilar Corrias</a>, Londres, et&nbsp;<a href="https://www.artbasel.com/catalog/gallery/1387/Kavi-Gupta">Kavi Gupta</a>, Chicago, New Buffalo. Il est actuellement en résidence à Art Explora – Cité Internationale des Arts in Paris, et présente&nbsp;« World Discovered Under Other Skies&nbsp;», une exposition personnelle à&nbsp;Art Windsor-Essex à&nbsp;Windsor, en Ontario.&nbsp;</p><p>Chloë Ashby est une auteure primée spécialisée en art, basée à Londres. Son premier roman, <em>Wet Paint</em> (Orion Publishing Group), a été publié en avril 2022.</p><p>En 2021, Manuel Mathieu&nbsp;a participé au panel Artists’ Influencers, modéré par Hans-Ulrich Obrist, pendant le programme des Conversations à Art Basel Miami Beach. Regardez l'enregistrement ci-dessous.</p>

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<p>Traduction française : Henri Robert</p><p>Légendes des images en pleine page : Œuvres de Manuel Mathieu, avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Pilar Corrias, Londres. 1. <em>Unmade</em>, 2022. 2. <em>The weight</em>, 2022.</p>

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