Niki de Saint Phalle, L’Arbre-Serpents, 1988

Présenté par la Galerie Mitterrand

Née en 1930 à Neuilly-sur-Seine, décédée en 2002 à San Diego

270 x 320 x 230 cm

Miroir, peinture uréthane et feuille d’or sur FRP et ciment

À la suite d’un traumatisme d’enfance, l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle grandit dans la phobie des serpents. Devenue adulte, elle confronta sa peur en les célébrant à travers une série d’œuvres. Initiés au début des années 1980, ses arbres-serpents faisaient de ces créatures des symboles totémiques de transformation et de bon augure. La première version, réalisée en 1982, figure dans son célèbre jardin des Tarots, en Italie. Cette version en exhibe une douzaine sous la forme de branches colorées et ondulantes. Recouverte de fragments de miroir, de mosaïque, de verre et de feuille d’or, l’œuvre reflète ce qui l’entoure dans un jaillissement de couleurs et de lumière. Ce ne sont plus les reptiles menaçants qui peuplaient les premiers cauchemars de l’artiste, mais des serpents inoffensifs qui invitent au jeu.

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Niki de Saint Phalle, née en 1930 et décédée en 2002, est une artiste franco-américaineautodidacte. Elle s’initie à la peinture et au collage lors de son internement en hôpitalpsychiatrique en 1953. Au cours des années 1960, elle acquiert une reconnaissanceinternationale avec ses tableaux tirs à la carabine et ses sculptures monumentales Nanas quiaffirment ses principes artistiques, tels que l’exubérance et la couleur au service d’un féminismeenjoué et provocateur. Une de ses réalisations majeures est “Le Jardin des Tarots” situé enToscane et rassemblant vingt-deux sculptures monumentales. L’Arbre de Vie, placé en soncentre, a inspiré L’Arbre-Serpents, réalisé en 1988.

Cette oeuvre imposante (270 h. x 320 l. x 230 cm pr.) s’articule autour d’une structurede plastique renforcé de fibres de verre et repose sur un socle faisant écho à sa fonction primairede fontaine. Elle prend la forme d’un arbre à douze branches aux lignes sinueuses, desquellesnaissent des têtes ophidiennes polychromes. Six têtes sont recouvertes de feuilles d’or,contrastant de fait avec les tesselles de miroir et de verre multicolores présentes sur l’arbre. Cesdernières sont apposées selon la technique du trencadis, consistant à assembler des éclats decéramiques, verres, porcelaines ou miroirs, découpés de façon irrégulière. Cette technique estutilisée par les architectes catalans modernistes, notamment au sein du “Parc Guëll” d’AntoniGaudi, source d’inspiration majeure pour l’artiste, permettant ainsi l’introduction d’unepolychromie exubérante sur des surfaces courbes.

Par l’iconographie du serpent et de l’arbre, l’oeuvre évoque l’épisode vétéro-testamentaire du péché originel. Les serpents ont une symbolique ambivalente pour l’artiste,liée à sa culture artistique et sa connaissance des civilisations précolombiennes et chrétiennes.S’ils peuvent être symboles de tentation dans l’iconographie judéo-chrétienne, ils incarnent larésurrection, à travers de la figure de Quetzalcóatl, divinité du panthéon méso-américain. Nikide Saint Phalle utilise également l’image du serpent pour évoquer le viol commis par son pèreà ses onze ans. La présence de tesselles de miroir renvoie ainsi à un égo brisé. Néanmoins,l’artiste insuffle une portée régénératrice à son oeuvre grâce à l'association complémentaire del'eau, fluide évoquant le rite chrétien du baptême.

Niki de Saint Phalle souhaitait que ses oeuvres sortent des lieux institutionnels pour êtreexposées à la vue de tous. L’oeuvre a ainsi trouvé sa place sur le parvis de l’Institut de France,lors de son exposition durant le programme public d’Art Basel Paris.

Julien MÉLOUX Maréva KÉRISIT-FLORINCELLO Ines TEJEDO CRUZ