À la Fondation Louis Vuitton, à Paris, l’artiste d'origine franco-tunisienne convie les spectateur∙rice∙s à le rejoindre dans son périple maritime, de la mer du Nord à la Méditerranée

Ingrid Luquet-Gad

Au-delà des vagues : le voyage d’Alex Ayed

Alex Ayed vogue déjà au large. Où ? Au beau milieu de l’immensité bleutée et salée. Là où la temporalité ordinaire est mise en suspens, laissant place à des récits imaginaires, à la poésie picaresque. 
Il faut dire que tout avait été minutieusement orchestré. Au mois d’octobre dernier, pendant la deuxième édition de Paris+ par Art Basel, l’artiste inaugurait à la Fondation Louis Vuitton son exposition évolutive « Farewell ».

Le titre, « Adieu », était à prendre au premier degré. Dans le cadre du programme Open Space, dédié à la création contemporaine, Alex Ayed, né en 1989 et diplômé des Beaux-Arts de Paris, faisait ses adieux aux terrien∙ne∙s. Le jour du vernissage, il débutait son tour du monde à la voile, laissant ses spectateur∙rice∙s suivre son odyssée par une sculpture centrale : une longue antenne radiophonique, affichant chaque jour sur des écrans ses observations, poèmes et autres micro-récits.
À Paris, Alex Ayed présentait simultanément « Letters from Kattegat » à la galerie Balice Hertling, centrée autour d’une série de tableaux réalisés en montant sur châssis des voiles battues par les vents. Au jardin des Tuileries, pour le hors-les-murs de Paris+ par Art Basel, un pigeonnier, confectionné à partir de bois d’olivier, d’argile et de paille enduite de chaux, invitait les messagers volants au répit.

Chez l’artiste, exposé aussi en 2021 à The Renaissance Society, à Chicago, en duo avec Lydia Ourahmane, et dans le cadre de la Triennale du New Museum, à New York, les matériaux sont toujours symboliques. Ainsi, l’huile d’olive ou le sable du désert charrient les mythes sans les mots de l’Afrique du Nord. Ils s’allient dans les gestes sculpturaux minimaux du franco-tunisien à une autre présence récurrente : les dépouilles d’animaux – une mouette, un caméléon ou une sauterelle. On croirait les protagonistes de fables confiées à l’oreille des éléments et aussitôt emportées par les vents.
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Alex Ayed est représenté par <a href="https://parisplus.artbasel.com/catalog/gallery/1340/Balice-Hertling" target="_blank">Balice Hertling</a>, Paris.
« Farewell » Jusqu'au 19 février 2024 Fondation Louis Vuitton, Paris
Ingrid Luquet-Gad est critique d’art et doctorante basée à Paris. Elle enseigne la philosophie de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Publié le 4 janvier&nbsp;2024.
Légende de l'image de pleine page :&nbsp;Alex Ayed, Petit Piton. Off the coast of Saint Lucia, (detail) 2023. © Alex Ayed.

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French Dispatch

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At the Fondation Louis Vuitton in Paris, viewers are invited to follow the Franco-Tunisian artist, from the North Sea to the Mediterranean

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