Ana Silva
« As guardiãs »
Magnin-A, Paris
Jusqu’au 30 août
Avant même d’entrer chez Magnin-A, les immenses broderies visibles depuis la rue exercent une irrésistible attraction – et donnent envie de pousser la porte pour s’immerger dans l’univers poétique, sensible et non moins puissant d’Ana Silva. L’artiste angolaise s’est fait connaître pour ses scènes de maternité brodées sur textile et présente, dans « As guardiãs » (« Les Gardiennes »), de grandes œuvres sur crinoline, dont les détails sont à couper le souffle. Le fil scintillant rencontre le raphia et les paillettes dans des compositions à la Klimt, où les femmes ne font qu’unes avec des animaux au fort potentiel symbolique. Tigres, paons et flamants roses côtoient des papillons et leur chrysalide renfermant une femme en leur centre, déifiée, sereine, gardienne d’un équilibre parfait entre nature et humanité. J. A.
« Regards intemporels : des pharaons à aujourd’hui »
Fondation Boghossian, Bruxelles
Jusqu’au 7 septembre
Dès le seuil de l’exposition, l’œuvre in situ de l’artiste marocaine Ghizlane Sahli enveloppe l’espace d’une présence organique évoquant le Nil : matières, volumes et parfums se combinent pour éveiller les sens et raviver la mémoire. Les photographies de Nyaba Léon Ouedraogo révèlent des réalités non occultées ; entre documentaire et poésie, elles interrogent la mondialisation à travers la pollution, l’exploitation et leurs traces durables. Ces regards d’aujourd’hui, entre une dizaine d’autres, viennent rencontrer ceux des pharaons, à travers des dieux aux yeux soulignés de khôl, un buste de Ramsès II, la stèle funéraire de la Dame Touy, ou des sarcophages à la présence millénaire. Dans ce jeu de miroir, « Regards intemporels » raconte une histoire qui ne se contente pas de réunir ces deux époques, mais célèbre également l’écho qu’elles se renvoient. Y. S.
« David Lynch »
Galerie Duchamp, Centre d’art contemporain, Yvetot
Jusqu’au 21 septembre
Voici une exposition consacrée au regretté David Lynch qui révèle la dimension plastique, relativement méconnue du grand public, de sa pratique artistique. En effet, d’Eraserhead (1977) à Inland Empire (2006), le cinéaste a toujours développé, parallèlement à son œuvre cinématographique universellement encensée, un travail pictural et sculptural soutenu. L’accrochage linéaire d’une cinquantaine de lithographies évoque un storyboard géant qui permet aux spectateurs·rices de se plonger dans l’imaginaire singulier de l’artiste. Comme dans ses films, des doubles maléfiques, des créatures monstrueuses et des paysages obscurs peuplent les œuvres en noir et blanc, explorant les territoires de l’inconscient. Complétée par des courts métrages expérimentaux, l’exposition célèbre un artiste protéiforme qui a su marquer à jamais l’histoire du cinéma et de l’art de notre époque. P. S.
« Lubaina Himid with Magda Stawarska: Another Chance Encounter »
Kettle’s Yard, Cambridge
Jusqu’au 2 novembre
Alors que l’excitation grandit autour du projet de Lubaina Himid pour le pavillon britannique à la Biennale de Venise 2026, Kettle’s Yard, la galerie d’art de l’université de Cambridge, vient d’ouvrir une exposition qui éclaire avec sensibilité sa pratique en constante évolution. Lubaina Himid et sa collaboratrice de longue date Magda Stawarska investissent le passé de l’extraordinaire ancienne demeure de Jim et Helen Ede, réputée pour sa collection idiosyncrasique d’art britannique moderne, de pièces de design et de curiosités. Elles font revivre les voix oubliées, invoquent une nouvelle distribution de personnages et nichent des œuvres d’art dans chaque recoin de la maison. Kettle’s Yard vibre ainsi d’histoires cachées, réelles ou inventées, soulignant le talent unique des artistes pour célébrer l’inédit et l’invisible. C. M.
Delcy Morelos
« Madre »
Hamburger Bahnhof, Berlin
Jusqu’au 25 janvier 2026
L’artiste colombienne Delcy Morelos a créé quelque chose qui ne ressemble pas du tout à une œuvre d’art. « Madre » est chaleureuse, lourde, parfumée. En pénétrant à l’intérieur des murs faits de terre et de paille, le parfum de cannelle et de foin se mêle à la terre, au sarrasin et au miel pour créer un silence protecteur. Delcy Morelos se nourrit des visions du monde indigène, notamment celles qui considèrent la terre non pas comme une ressource, mais comme un parent. Les matériaux qu’elle utilise sont choisis autant pour leur texture ou leur parfum que pour ce qu’ils portent en eux. Contrairement à Joseph Beuys, dont la présence dans les salles adjacentes est façonnée par une mythologie personnelle, Delcy Morelos puise dans la mémoire collective. Ce qui demeure, c’est l’œuvre et la façon dont elle demande à être vécue – lentement, avec attention. A. R.
« Emma Reyes, une artiste haute en couleur »
Musée d’art et d’archéologie du Périgord (Maap), Périgueux
Jusqu’en juillet 2026
Née dans la pauvreté en 1919 en Colombie, Emma Reyes s’installe à Paris en 1947 et devient ensuite connue comme la mama grande de nombreux·ses artistes colombien·ne·s cherchant à se faire un nom dans la capitale française. Tout au long de sa vie, elle produit une œuvre véritablement unique, ancrée dans une technique autodidacte et une approche singulière du sujet qui honore sa culture et son héritage latino-américains. Ses représentations de fleurs démesurées, de fruits juteux et d’êtres hybrides rayonnent d’une vitalité presque illimitée, saturant les surfaces de ses toiles de vie. À partir des années 1960, Emma Reyes développa des liens étroits avec le Périgord, où se déroule cette exposition – une région riche en beautés et richesses naturelles, faisant écho à l’esprit de l’œuvre de cette figure pionnière. K. C.
« From the Origin to the Future »
Naoshima New Museum of Art
En cours
Le Naoshima New Museum of Art, situé sur la célèbre île japonaise du même nom, et conçu par l’architecte Tadao Ando, est dédié à l’art contemporain asiatique. Son exposition inaugurale présente 12 artistes et collectifs, et s’étend sur trois étages, avec pour points d’orgue : Hub/s, de Do Ho Suh, une œuvre en 8 parties composée d’espaces réalisés en tissu translucide qui incluent le couloir d’une maison de Naoshima ; MICHI, de Chim↑Pom from Smappa!Group, un conteneur maritime rempli de déchets de construction, dans le cadre du « Sukurappu ando Birudo Project » ; et Rakuchū-Rakugai-zu Byōbu: Iwasa Matabei RIP, de Takashi Murakami, présenté initialement lors de son exposition personnelle à Kyoto en 2024, puis affiné pour représenter des scènes animées de 2 700 personnes et personnages. P. L.
Ces choix de la rédaction ont été compilés par des membres de l'équipe éditoriale d'Art Basel :
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Yasmin Sarnefors : Communications & Editorial Assistant
Patrick Steffen, Alicia Reuter, Karim Crippa : Senior Editors
Coline Milliard : Executive Editor
Patricia Li : Regional Head of Marketing & Communications Asia
Légende de l'image en pleine page Ana Silva, Guardiãs 028, 2025. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Magnin-A.
Publié le 21 juillet 2025.