Zoé Isle de Beauchaine

Les poésies visuelles de Kasper Bosmans

Chez Mendes Wood DM à Paris, l’artiste belge multiplie les médiums pour donner vie aux récits marginaux de la grande histoire

Qu’il manie la peinture, la sculpture ou les arts décoratifs, Kasper Bosmans cultive une puissante poésie visuelle. Ses œuvres sont une forme de séduction : elles lui servent, dit-il, à « tomber amoureux ». Il fait de la couleur un charme tandis que la force graphique de son trait transforme ses images en symboles, rappelant l’art folklorique dont l’esthétique lui est chère. Chacune de ses créations doit imprégner l’esprit, à la manière d’un conte.

Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : Träume kann man nicht verbieten, 2024. Droite : Prague Gaze, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.
Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : Träume kann man nicht verbieten, 2024. Droite : Prague Gaze, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.

L’artiste a une prédilection pour les récits marginaux de la grande histoire, qu’il excave tel un archéologue et utilise pour questionner les mythologies de nos sociétés. Kasper Bosmans mêle ces bribes du passé à des éléments de notre culture contemporaine, y insufflant humour et absurde. Par cette approche, il prône surtout « un art non académique, accessible à tous ».

Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : Bundled, 2024. Droite : Keep it Together!, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.
Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : Bundled, 2024. Droite : Keep it Together!, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.

Mêlant les disciplines et offrant aux visiteur∙euse∙s l’expérience d’une salle forestière immersive, son exposition à la galerie Mendes Wood DM à Paris a été imaginée comme un voyage fantaisiste jouant avec le regard. Le plasticien y explore la tension entre ce dont on fait étalage et ce que l’on préfère dissimuler, une réflexion née de sa découverte d’un belvédère du 16e siècle situé dans le Jardin royal du château de Prague et qui fut le lieu d’auto-exil de l’empereur Rodolphe II.

Les récits qui irriguent le travail de Kasper Bosmans contribuent à la construction d’un safe space ou, ainsi que l’a formulé en 1997 l’architecte Aaron Betsky, un queer space devant permettre aux prochaines générations d’artistes LGBTQIA+ de vivre et d’exprimer leur identité en toute liberté.

Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : A Key Sound at Night, 2024. Droite : A Key Sound in the Green, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.
Œuvres de Kasper Bosmans. Gauche : A Key Sound at Night, 2024. Droite : A Key Sound in the Green, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.

Kasper Bosmans est representé par Gladstone Gallery (New York, Bruxelles, Rome, Séoul) et Mendes Wood DM (São Paulo, Bruxelles, New York, Paris).

Son exposition personnelle « Plums, under cover », aura lieu du premier février au 23 mars, 2024 chez Mendes Wood DM, Paris.

Zoé Isle de Beauchaine est une historienne de l’art et journaliste basée à Paris.

Publié le 29 janvier 2024.

Légende de l'image en pleine page : Kasper Bosmans, Moon Garden, 2024. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo credit : Kristien Daem.

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