Henri Robert

Un regard sur l’année 2023 à travers huit artistes

Présentées dans les Online Viewing Rooms de Paris+ par Art Basel, les œuvres d’Eliza Douglas, d’Arlene Shechet ou de Philemona Williamson racontent notre présent

Les artistes contemporain·e·s nous livrent des récits qui, par leur diversité, suggèrent et réinventent de nouvelles possibilités de vivre, de comprendre et d’interpréter le présent. Dans le cadre des Online Viewing Rooms, ouvertes au public à partir du 20 octobre, parallèlement à la deuxième édition de Paris+ par Art Basel, voici une sélection d’œuvres réalisées en 2023.

Leda Catunda Paisagem macia II (Soft landscape), 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Bortolami.
Leda Catunda Paisagem macia II (Soft landscape), 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Bortolami.

Leda Catunda, Paisagem macia II (Soft landscape) (2023)
Bortolami
(New York)

Icône de la culture brésilienne depuis maintenant 40 ans, Leda Catunda assemble dans son travail, tant du point de vue symbolique que matériel, toute la diversité et l’exubérance du Brésil. Avec une aiguille, du fil, un vieux tee-shirt siglé et de la peinture, elle réunit dans la sculpture Paisagem macia II (Soft Landscape) les paradoxes de son pays natal.

Eliza Douglas, Untitled, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et d’Air de Paris.
Eliza Douglas, Untitled, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et d’Air de Paris.

Eliza Douglas, Untitled (2023)
Air de Paris
(Paris)

Musicienne, peintre, performeuse – elle est une proche collaboratrice de l’artiste Anne Imhof –, également mannequin pour Balenciaga, Eliza Douglas désanctuarise les genres, et son répertoire semble inépuisable. Pour les OVR de Paris+ par Art Basel 2023, l’artiste américaine présente une série de quatre huiles sur toile couvertes d’onomatopées (« SHHHH », « WOW », « BOOM », « HAHAHA »), qui cristallisent des sons à la manière de la poésie concrète en marquant le rythme de notre époque.

Charlotte Dualé, Mismade (Yellow), 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Parliament.
Charlotte Dualé, Mismade (Yellow), 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Parliament.

Charlotte Dualé, Mismade (Yellow) (2023)
Parliament
(Paris)

Poétique et profonde, l’œuvre de la sculptrice française Charlotte Dualé prend place dans la série « Impuzzibil », un récit métaphorique en trois parties où la céramique, matière vivante, plastique et fragile à la fois, raconte le rapport de domination sur le corps féminin exercé par la société patriarcale et ses représentations. Elle a été inspirée à l’artiste par le numéro d’illusionnisme de la « Mismade Girl », au cours duquel un magicien démembre son assistante.

Arthur Marie, Sleeping Beauty, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Fitzpatrick Gallery.
Arthur Marie, Sleeping Beauty, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Fitzpatrick Gallery.

Arthur Marie, Sleeping Beauty (2023)
Fitzpatrick Gallery
(Paris)

C’est avec les techniques picturales des maîtres anciens – celle du glacis, notamment – que l’artiste français originaire de Normandie Arthur Marie brosse le portrait de sa génération, à la fois coupée du réel et en quête de sens. On retrouve dans la peinture à l’huile Sleeping Beauty une silhouette juvénile et blême, hantée par son présent, qui interpelle le public.

Arlene Shechet, For Paris, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Pace Gallery.
Arlene Shechet, For Paris, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Pace Gallery.

Arlene Shechet, For Paris (2023)
Pace Gallery
(New York, Geneva, Hong Kong, London, Los Angeles, Seoul, Tokyo)

D’un bleu électrique, intense et lunaire, l’œuvre de la sculptrice américaine Arlene Shechet s’inscrit dans le cadre de l’hommage rendu par la galerie à Mark Rothko, en écho à l’importante rétrospective que lui consacre cet automne la Fondation Louis Vuitton, à Paris. Comme dans les toiles de Rothko, la couleur devient ici la matière même de l’œuvre. Le papier, le bois, l’argile, l’eau, l’air et le feu se rencontrent dans une permanente transition d’états, de nuances, de points d’équilibre et de rupture, pour donner un cadre imaginaire et imaginé aux possibilités de nos vies.

Zineb Sedira, Dreams, Have No Titles (My Parents’ Tapestry) #2, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Selma Feriani Gallery.
Zineb Sedira, Dreams, Have No Titles (My Parents’ Tapestry) #2, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Selma Feriani Gallery.

Zineb Sedira, Dreams, Have No Titles (My Parents’ Tapestry) #2 (2023)
Selma Feriani Gallery
(Tunis, London)

L’artiste Zineb Sedira a été la première femme franco-algérienne à investir le Pavillon français à l’occasion de la 59e Biennale de Venise, en 2022. Avec Dreams Have No Titles (My Parents’ Tapestry) #2 (2023), elle livre une captivante tapisserie en forme de scène de genre illustrant le combat des femmes pour leur liberté et leur émancipation, un sujet depuis toujours fondamental dans sa pratique.

Philemona Williamson, Crush on Crush, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Semiose.
Philemona Williamson, Crush on Crush, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Semiose.

Philemona Williamson, Crush on Crush (2023)
Semiose
(Paris)

Dans les compositions aux couleurs vives de l’artiste new-yorkaise Philemona Williamson, la poésie, les références à l’enfance et aux rites de passage qui marquent les temps de la vie sont récurrentes. Avec Crush on Crush (2023), c’est l’adolescence, ses tensions et ses prises de risques que Philemona Williamson met ici en scène pour former un lexique dont elle invite le·la spectateur·rice à se saisir pour se remémorer sa propre histoire.

Jonas Wood, Two Bonsais with Cressey, Frimkess, and Kusaka, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de David Kordansky Gallery.
Jonas Wood, Two Bonsais with Cressey, Frimkess, and Kusaka, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de David Kordansky Gallery.

Jonas Wood, Two Bonsais with Cressey, Frimkess, and Kusaka (2023)
David Kordansky Gallery
(Los Angeles, New York)

L’Américain Jonas Wood peint ce qui est à portée de son regard. La céramique de sa compagne Shio Kusaka, celle de David Cressey et de Michael Frimkess, présentes dans la grande toile Two Bonsais with Cressey, Frimkess, and Kusaka (2023), en témoignent et sont autant d’éléments constitutifs d’un tout qui, étrangement, nous semble à nous-mêmes familier.


Paris+ par Art Basel aura lieu au Grand Palais Éphémère du 20 au 22 octobre 2023. Réservez vos billets ici.

Les Online Viewing Rooms seront ouvertes au public du 20 au 29 octobre 2023. Vous pouvez y accéder ici.

Henri Robert est un journaliste basé à Paris.

Publié le 13 octobre 2023.

Légende de l’image en pleine page : Arlene Shechet, For Paris, 2023. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Pace Gallery.

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