La quatrième édition d’Art Basel Paris s’est clôturée ce 26 octobre dans une atmosphère enthousiaste. Après des débuts particulièrement réussis lors de l’Avant-Première et des journées VIP, la dynamique s’est maintenue tout au long de la semaine : plus de 73 000 visiteur·euse·s ont afflué au Grand Palais, les stands sont restés animés et les acquisitions se sont poursuivies jusqu’au dimanche.
Si les deux premières journées ont été marquées par des ventes à sept et huit chiffres, c’est Hauser & Wirth qui a mené la danse avec Abstraktes Bild (1987) de Gerhard Richter, vendue 23 millions de dollars lors de la nouvelle avant-première. Pace a placé Jeune fille aux macarons (1918) d’Amedeo Modigliani pour un peu moins de 10 millions de dollars et Children Playing (1999) d’Agnes Martin pour 4,5 millions de dollars. David Zwirner a annoncé plusieurs résultats à sept chiffres, dont une sculpture suspendue de Ruth Asawa pour 7,5 millions de dollars et une toile de Martin Kippenberger pour 5 millions de dollars.
Les jours suivants, le marché haut de gamme n’a montré aucun signe de ralentissement, les galeries de premier plan du secteur Galeries ayant su maintenir l’énergie du vernissage pendant toute la semaine. White Cube, qui avait suscité l’attention des médias lorsqu’une toile de Julie Mehretu datant de 2007 s’était vendue 11,5 millions de dollars lors de l’avant-première VIP de la semaine dernière, a maintenu cette dynamique avec plusieurs ventes majeures, dont un mobile d’Alexander Calder de 1973 cédé pour 4,85 millions de dollars, une toile intimiste de Luc Tuymans de 2001 pour 1,35 million de dollars, et une œuvre récente à la poudre à canon de Cai Guo-Qiang, vendue 1,2 million de dollars.
La semaine s’est révélée tout aussi réussie pour Thaddaeus Ropac, dont la vente à 4 millions de dollars de la sculpture en bronze Cowboy (2024) de Georg Baselitz mercredi dernier a donné le ton à une série de transactions. Dimanche, quatre autres peintures à l’huile de l’artiste allemand avaient trouvé preneur, chacune pour des montants compris entre 988 000 et 1,4 million de dollars. Parmi les autres œuvres qui ont attiré l’attention des visiteur·euse·s sur le stand de Ropac figurait The Solemn Entry of Louis XIV 1667 (2016) d’Elizabeth Peyton, inspirée de Versailles, vendue 1,3 million de dollars. Revenant sur la semaine, le fondateur Thaddaeus Ropac a déclaré : « Ce fut une semaine très solide à Paris - meilleure que prévu, avec un regain de dynamisme notable. »
L’intérêt institutionnel est également resté soutenu. Goodman Gallery a confirmé plusieurs acquisitions muséales importantes, notamment deux œuvres majeures de l’artiste sud-africain William Kentridge : un dessin de 1994 acheté par un musée américain pour 600 000 dollars, et un film de 1991 acquis par le Louisiana Museum of Modern Art au Danemark pour 450 000 dollars. Parmi les autres ventes figurent deux pièces en perles de verre de la série A Coincidence of Wants de Kapwani Kiwanga (130 000 dollars chacune), toutes deux acquises par des collectionneur·euse·s européen·ne·s.
À travers la foire, les galeries françaises et européennes ont bénéficié de la vitalité de l’écosystème local. Dans le secteur Galeries, la galerie parisienne Mennour a annoncé trois ventes au-dessus du million de dollars, dont une œuvre d’Andy Warhol (1,5 million de dollars) et deux peintures de Lee Ufan (1 million de dollars chacune). Tornabuoni Art a vendu la nature morte Nature Morte (vers 1950) de Giorgio Morandi pour 2,3 millions de dollars, tandis que chez Templon, plusieurs œuvres de Kehinde Wiley se sont vendues entre 85 000 et 125 000 dollars.
Les galeries parisiennes ont été particulièrement actives. La Galerie Chantal Crousel a confirmé des ventes significatives d’œuvres de Gabriel Orozco, Rirkrit Tiravanija, Mona Hatoum et Haegue Yang, dont les prix oscillaient entre 87 000 et 140 000 dollars, tandis que sur le stand de frank elbaz, des œuvres de Sheila Hicks, Kenjiro Okazaki, Mungo Thomson et Machiko Ogawa se sont vendues entre 14 000 et 300 000 dollars.
Les galeries européennes – hors France – ont également profité de ce succès : la galerie italienne P420 a bénéficié de la demande soutenue pour les dessins et les peintures. Tout au long de la semaine, les collectionneur·eus·s en visite sur leur stand ont acquis plusieurs œuvres au stylo à bille d’Irma Blank allant de 11 000 à 150 000 dollars, deux peintures de l’artiste et poète italien Filippo de Pisis entre 75 000 et 115 000 dollars, et quatre huiles sur toile de Rodrigo Hernández entre 7 500 et 14 000 dollars.
Concernant les galeries extra-européennes, les ventes ont reflété l’intérêt pour le dialogue interculturel. La galerie séoulite Kukje Gallery a connu une semaine particulièrement dense, enregistrant de bons résultats pour des artistes coréens tels que Lee Ufan et Ha Chong-Hyun, avec des prix allant de 250 000 à 1,2 million de dollars.
Les jeunes galeries et les primo-participants ont également été à l’honneur avec de nombreuses ventes réalisées, témoignant d’une demande constante pour les œuvres en dessous de 10 000 dollars. La galerie tbilissienne LC Queisser a été particulièrement remarquée dans le secteur principal de la foire, en vendant quatre œuvres en techniques mixtes de l’artiste géorgienne Elene Chantladze pour un peu plus de 8 000 dollars chacune.
Dans le secteur Emergence, The Pill a placé l’intégralité de l’installation de Nefeli Papadimouli, composée de huit panneaux textiles distincts, auprès d’une collection privée française pour un montant situé entre 100 000 et 120 000 dollars, et ce dès les premières heures de la foire.
Parmi les succès marquants de cette édition figure le stand de la galerie saoudienne Athr dans le secteur Galeries, où elle a proposé une présentation consacrée à trois artistes femmes - Sarah Abu Abdallah, Haifa Algwaiz et Lulua Alyahya - et vendu des œuvres de chacune d’entre elles, avec des prix allant de 2 800 à 8 400 dollars. Ces résultats ont souligné la visibilité culturelle et commerciale croissante de l’Arabie saoudite sur la scène mondiale. Le cofondateur Mohammed Hafiz a commenté : « L’accueil et les ventes ont été incroyables, et la présence constante de collectionneur·euse·s engagé·e·s a démontré la force grandissante de la foire. »
Les artistes femmes étaient également à l’honneur dans Premise, le secteur de la foire dédié à des présentations historiques et minutieusement pensées. La galerie parisienne Pavec a annoncé plusieurs ventes issues de sa présentation monographique de Marie Bracquemond, impressionniste française dont les peintures ont récemment bénéficié d’une reconnaissance renouvelée, avec des prix compris entre 45 000 et 60 000 dollars. Sur leur stand voisin, la Galerie Eric Mouchet a vendu dix œuvres d’Ella Bergmann-Michel, artiste de la première génération du Bauhaus, pour un total cumulé de plus de 523 000 dollars, tandis que Tina Kim Gallery a vendu cinq œuvres textiles de la pionnière coréenne de l’art de la fibre Lee ShinJa pour des montants compris entre 70 000 et 200 000 dollars.
Au-delà du Grand Palais, les œuvres monumentales du Programme Public ont attiré l’attention. Dans la cour de l’Hôtel de la Marine, Almine Rech a vendu l’installation textile monumentale de Joël Andrianomearisoa Les Herbes folles du vieux logis (2020-2025) pour 250 000 dollars. Non loin de là, avenue Winston Churchill, la sculpture en bronze de Leiko Ikemura représentant un hybride lapin-humain, Usagi Greeting (440) (2025), a été vendue par la Lisson Gallery pour un peu plus de 925 000 dollars. « Nous sommes ravis du succès de cette édition », a déclaré Alex Logsdail, directeur général de Lisson. « La ville continue d’être un lieu inspirant pour nous permettre de nouer de nouvelles relations, de retrouver des soutiens de longue date et de partager l’ensemble du travail de nos artistes avec un public international engagé. »
Avec des acquisitions soutenues dans tous les secteurs, un engagement institutionnel marqué et un équilibre constant entre rayonnement international et ancrage local, Art Basel Paris a confirmé sa position centrale sur la scène artistique internationale, en tant que place forte du marché de l’art et carrefour propice aux échanges culturels.
Elliat Albrecht est une autrice et une rédactrice basée au Canada.
Elle est titulaire d'une licence en Critical and Cultural Practices de
l'Emily Carr University of Art + Design et d'une maîtrise en Literary
and Cultural Studies de l'université de Hong Kong.
Traduction française : Art Basel.
Légende de l'image d'en-tête : Vue du stand de The Modern Institute à Art Basel Paris 2025.
Publié le 27 Octobre 2025.

