Cette année au Grand Palais, 206 galeries internationales venues de 41 pays et territoires, dont 29 primo-participantes et 63 établies en France, présenteront à Art Basel Paris des œuvres aux prix très variés. « Les galeristes sont des passeur·euse·s », affirme Clément Delépine, directeur d’Art Basel Paris. « Notre responsabilité, c’est de leur offrir un lieu où les récits circulent. J’espère qu’en entrant au Grand Palais, on comprend ce que la foire essaie de dire. Ce n’est pas un salon. C’est une conversation. » Découvrez ci-dessous une sélection d’œuvres incontournables présentées à Art Basel Paris, accessibles à moins de 10 000 euros, moins de 50 000 euros, et moins de 100 000 euros.
Moins de 10 000 euros
Edouard Montassut (Galeries)
Nicolas Ceccaldi
Sans titre 1, 2025
Pastel sur papier
L’artiste pluridisciplinaire Nicolas Ceccaldi excelle dans l’art de réinterpréter des images familières avec un mélange d’humour grinçant et un sens critique aigu. Dans ce pastel magistral, Nicolas Ceccaldi met au jour la face sombre de l’irascible empereur, en s’inspirant du Portrait inachevé de Napoléon Ier (1808). Longtemps attribué à Jacques-Louis David, ce tableau est aujourd’hui crédité à Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson, son élève, qui reçut de nombreuses commandes de Bonaparte.
Exo Exo (Émergence)
Ash Love
Happy Birthdays (DERNIER SANG), 2025
Encre et impression numérique sur soie montée sur châssis
Rubans, ballons, nœuds : l’artiste français·e Ash Love s’empare du langage festif des anniversaires pour le faire basculer dans l’étrangeté. Au centre de sa présentation solo dans le stand d’Exo Exo, des ballons gonflables arborent cœurs, bougies, rubans et instantanés intimes, mêlant sa vie personnelle aux symboles commerciaux associés à la fête. Sur les murs, une série d’œuvres à l’encre sur soie répète l’expression « Happy Birthday » sur des fonds aux couleurs acidulées, révélant l’érosion du sens des mots quand la joie devient un produit commercial comme un autre.
Felix Gaudlitz (Galeries)
Halvor Rönning
Sans titre, 2024
Acrylique et pastels tendres sur toile
Dans l’œuvre de Halvor Rönning, la part dissimulée de l’image en dit souvent plus que ce qui s’offre au regard. L’artiste norvégien est connu pour peindre par-dessus des images figuratives trouvées dans la publicité et les magazines, dans des gestes libres d’association. Dans cette œuvre à l’acrylique et aux pastels tendres, l’image de référence de Halvor Rönning disparaît sous de larges coups de pinceau et de vastes plages de blanc et de gris, ne laissant filtrer que de minces indices de l’original. Le résultat est une composition éthérée où l’effacement revêt autant d’importance que ce qui subsiste.
Moins de 50 000 euros
Xavier Hufkens (Galeries)
Thierry de Cordier
GARDEN WRITING 223, 1990
Encre sur papier
Entre 1988 et 1991, l’artiste belge Thierry de Cordier s’est retiré dans son jardin, envahi par la végétation, traçant à l’encre noire, page après page, le flux de sa pensée. D’abord réflexions philosophiques, ou ce qu’il appelait un « jardinage de l’esprit », ces textes sont rapidement devenus des griffonnages obsessionnels de chacune de ses pensées, tracés si rapidement que les mots se dissolvaient en enchevêtrements, en « broderie littéraire ». Nouée d’urgence, GARDEN WRITING 223 (1990) se situe entre le lisible et l’évanescent. En bas, une ligne demeure claire : « Ici, seul, je vis avec le moins possible, dans la perspective du Néant. »
Pavec (Premise)
Marie Bracquemond Sur la terrasse de la Chabane, vers 1870-1885
Huile sur toile montée sur carton
Lorsque Marie Bracquemond a commencé à peindre la vie dans la France du 19ᵉ siècle, les boulevards de Paris étaient en grande partie interdits aux femmes. Bracquemond a tourné son regard vers l’intimité domestique, produisant une œuvre prolifique qui dépeignait la vie privée. Avec sa lumière éclatante et ses coups de pinceau épais et picturaux, Sur la terrasse de la Chabane (vers 1870-1885) illustre la prédilection de Bracquemond pour les scènes de jardin. Longtemps éclipsée par ses pairs masculins, Bracquemond est aujourd’hui célébrée comme l’une des « Trois Grandes Dames » de l’impressionnisme, aux côtés de Berthe Morisot et Mary Cassatt.
Carlos Ishikawa (Galeries)
Evelyn Taocheng Wang
Skull Motif of Georgia O’Keeffe and Imitation of Agnes Martin, 2025
Acrylique, crayon, médium de fixation pour crayon et gesso sur toile de lin
Depuis plusieurs années, Evelyn Taocheng Wang est captivée par la sérénité et la retenue des peintures minimalistes d’Agnes Martin. Elle en teste également les limites. Dans les peintures qui ont inspiré Wang, la pureté minimaliste est troublée par des imperfections, des accidents et une perspective personnelle. Dans Skull Motif of Georgia O’Keeffe and Imitation of Agnes Martin (2025), Evelyn Taocheng Wang unit l’imagerie florale et squelettique d’O’Keeffe aux lignes rigoureuses de Martin, réunissant deux figures emblématiques du modernisme américain qui se rencontrent rarement.
Moins de 100 000 euros
The Gallery of Everything (Premise)
Hector Hyppolite
Sans titre (Maison de Campagne / Country House), vers 1945-1948
Encre sur papier
L’artiste haïtien autodidacte Hector Hyppolite (1894-1948) peignait les esprits vaudous, les rêves et la vie insulaire avec les matériaux qu’il pouvait trouver. Dans les années 1940, son travail a attiré l’attention d’André Breton, qui lui acheta cinq tableaux avant de le faire connaître au public international. Salué par la suite comme le premier surréaliste noir, Hyppolite reste célèbre pour ses visions oniriques. Ce rare dessin à l’encre, Sans titre (Maison de Campagne / Country House) (vers 1945-1948), offre un contrepoint plus apaisé et plus intime aux couleurs vives de sa peinture.
Sadie Coles HQ (Galeries)
Arthur Jafa
HA Selfie, 2024
Encre sérigraphique sur panneau d’aluminium
L’artiste américain Arthur Jafa explore depuis plusieurs décennies la manière dont la vie des Noir·e·s est représentée, archivée et partagée. Dans son autoportrait de 1988 intitulé Monster, il s’est réapproprié une insulte, qu’il a choisie comme titre, reprenant le contrôle de sa propre image. Trois décennies plus tard, HA Selfie (2024) poursuit ce fil : Arthur Jafa tourne à nouveau la caméra vers lui-même – cette fois en agrandissant un instantané pris avec un iPhone en sérigraphie sur aluminium, transformant l’autodocumentation fugace en quelque chose de monumental.
Lisson Gallery (Galeries)
Hugh Hayden
Juke Joint, 2025
Laiton
L’artiste américain Hugh Hayden est connu pour transformer des objets du quotidien en les détournant de leur fonctionnalité – pensez à des pupitres d’école transpercés de branches, des tables de salle à manger hérissées d’épines, ou des poêles en fonte transformées en masques. Il décrit ce processus comme un « remix » de l’histoire, révélant les tensions cachées au sein de formes familières. Juke Joint (2025) se compose d’un récipient en laiton auquel deux trompettes soudées de part et d’autre, donnent des allures d’instrument tandem conçu pour un duo mais hors de toute finalité musicale.
Art Basel Paris se tiendra du 24 au 26 octobre 2025 au Grand Palais. Découvrez ici les galeries et obtenez vos billets ici.
Elliat Albrecht est auteure et rédactrice basée au Canada.
Traduction française : Art Basel.
Légende de l’image principale : Hector Hyppolite 1894-1948, Untitled (Les Amants/ The Lovers), c. 1940. Avec l'aimable autorisation de The Gallery of Everything.
Publié le 14 octobre 2025.