El Anatsui, Diedrick Brackens, Toyin Ojih Odutola
Jack Shainman Gallery (secteur Galeries)

Sous les mains de trois artistes, métal, fil et papier s’animent sur le stand de Jack Shainman Gallery. El Anatsui assemble des fragments de métal et d’aluminium en drapés monumentaux, scintillants et fluides, dont la forme s’adapte et se déploie selon l’espace. Diedrick Brackens tisse coton et pigments infusés de thé, de vin et d’eau de javel pour raconter des histoires afro-américaines et queer, à la fois sensibles et radicales. Toyin Ojih Odutola transcende le papier par le fusain et le pastel, dessinant avec une précision hypnotique des peaux et des visages qui composent autant de chapitres d’un récit intime. Ensemble, ces œuvres transforment la matière qui se plie, se tisse et se dessine pour donner corps et voix à leurs récits. Y. S.

Jimmy DeSana et Paul Mpagi Sepuya, « Labyrinths of Desire »
Document (secteur Galeries)

Dans l’alcôve du stand de la galerie Document, des corps se meuvent et s’émeuvent. Deux générations de photographes queer se rencontrent, voire s’ébattent : Jimmy DeSana (1949–1990) et Paul Mpagi Sepuya (né en 1982) ont chacun capturé le corps comme objet de désir et sujet désirant. Les visages sont absents, le genre s’efface lui aussi : les artistes ont choisi de se focaliser sur les formes du corps, ses volumes, ses courbes, ses possibilités, créant un petit théâtre d’ombres où l’on perd bien vite ses repères. Dans ce labyrinthe velouté, l’éros ardent suscite l’imagination avec délicatesse – et un brin d’espièglerie. J. A.

Binta Diaw
Galerie Cécile Fakhoury (secteur Galeries)

La Galerie Cécile Fakhoury présente un stand solo mettant en vedette Binta Diaw, artiste sénégalo-italienne émergente basée entre Milan et Dakar. Son travail évoque des thèmes comme la mémoire et le déplacement forcé, puisant dans son expérience de vie entre les contextes africain et européen. L’installation réunit des œuvres de 2023 aux côtés de pièces créées spécifiquement pour la foire 2025. L’installation réalisée dans son médium distinctif – des cheveux synthétiques entrelacés avec du fil de fer – forme la pièce maîtresse du stand, complétée par un grand pastel gras sur impression pigmentaire, des impressions numériques sur papier et des sculptures en silicone représentant des parties du corps. P. S.

Conversations : « The 90s », sous le commissariat dEdward Enninful (Programme Public)

Cette édition parisienne marque un tournant pour Conversations. Pour la première fois depuis la création du programme de conférences d’Art Basel il y a plus de 20 ans, une personnalité éminente hors du champ des arts visuels assurera le commissariat d’une journée entière : le célèbre rédacteur de mode, cofondateur d’EE72 et défenseur de la créativité tous azimuts Edward Enninful. Conçu comme un prélude à sa prochaine exposition, « The 90s », à la Tate Britain (2026), son programme présentera des entretiens exclusifs en tête-à-tête avec quatre personnalités qui ont marqué la décennie : les artistes Yinka Shonibare, Sonia Boyce, Mark Leckey et le photographe Juergen Teller. Les quatre conférences – comme l’ensemble du programme Conversations – sont gratuites et ouvertes à tou·te·s sur inscription. C. M.

Rei Naito
Taka Ishii Gallery (secteur Galeries)

Taka Ishii Gallery présentera un projet solo de l’artiste japonaise Rei Naito, connue pour ses peintures méditatives et ses œuvres spatiales aux motifs délicats, incluant verre, fil et perles, combinés à des éléments naturels tels que la lumière et l’eau. Rei Naito a imaginé ces peintures présentées au Grand Palais comme des espaces « matrices », où les couleurs révèlent la lumière et l’air qu’elles contiennent. Elles forment alors un espace indivisible avec les sculptures pour évoquer le caractère indissociable de la vie et de la mort, la spiritualité et le pouvoir de la créativité. P. L.

Salle Principale (secteur Galeries)

Salle Principale fait partie des galeries françaises de référence d’Art Basel Paris depuis sa création, en 2022. Située dans le 19e arrondissement de Paris, à deux pas du canal Saint-Martin, elle s’est taillée une place subtile mais importante parmi la génération de galeries apparues dans la capitale française au cours des 20 dernières années. Le programme de Salle Principale met un accent particulier sur les pratiques expérimentales et poétiques et sur des artistes aux trajectoires singulières. Parmi eux·elles figurent Pierre Creton, dont l’activité principale est l’agriculture ; l’artiste viennois du land art Lois Weinberger, connu pour ses interventions végétalisées dans l’espace public ; et Claude Closky, qui a conçu des sites web de musées comme des œuvres d’art. Tous trois seront présentés à Art Basel Paris 2025, aux côtés d’autres artistes de la galerie. K. C.

Lee ShinJa
Tina Kim Gallery (secteur Premise)

Le stand de Tina Kim Gallery offrira une rare occasion de découvrir les œuvres de Lee ShinJa en France. L’artiste coréenne a réinventé la fibre pendant cinq décennies, élargissant les possibilités du textile. La présentation mettra en vedette des œuvres abstraites géométriques, des paysages de fils atmosphériques et des expérimentations textiles sculpturales couvrant sa carrière depuis ses débuts, dans les années 1950. L’influence de Lee ShinJa en tant qu’artiste, éducatrice et mentor commence seulement à atteindre une dimension internationale. De récentes rétrospectives au Musée national d’art contemporain en Corée du Sud et au Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive (BAMPFA) soulignent son rôle discret mais radical dans l’élaboration du langage de l’abstraction contemporaine. J. F.

Jala Wahid
Sophie Tappeiner (secteur Emergence)

Depuis son lancement en 2017, la galerie viennoise Sophie Tappeiner s’appuie sur un programme fémino-centré percutant. Participant au secteur Emergence d’Art Basel Paris 2025, elle reste fidèle au sujet en présentant « Stealth Technology » de l’artiste britanno-kurde basée à Londres Jala Wahid. Dans ce nouveau corpus d’œuvres, Jala Wahid assemble plusieurs sculptures – dont des chevaux abstraits aux yeux bandés, un matelas de camping et un casque – qui évoquent des thèmes urgents de l’histoire passée et actuelle, comme l’invasion militaire et la migration forcée. Pourtant, les contrastes de matériaux, les teintes pastel et les allusions à l’amour suggèrent la bienveillance et la vulnérabilité, faisant écho à l’expérience vécue de l’artiste. K. B.

Légendes et crédits

Art Basel Paris se tiendra du 24 au 26 octobre 2025 au Grand Palais. Plus d'informations ici.

Ces choix de la rédaction ont été compilés par des membres de l'équipe éditoriale d'Art Basel :

Yasmin Sarnefors : Communications & Editorial Assistant
Juliette Amoros : Associate Editor
Patrick Steffen, Karim Crippa : Senior Editors
Coline Milliard : Executive Editor
Patricia Li : Regional Head of Marketing & Communications Asia
Jeni Fulton : Head of Editorial
Kimberly Bradley : Commissioning Editor

Légende de l’image d'en-tête : Binta Diaw, Paysage corporel XIX (détail), 2025. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de Galerie Cécile Fakhoury.

Publié le 12 octobre 2025.