La quatrième édition d’Art Basel Paris a ouvert ses portes cette semaine dans une atmosphère empreinte de confiance, marquée par des ventes solides. Parmi les 206 galeries participantes, les œuvres de premier plan ont atteint des résultats remarquables, avec des transactions allant jusqu’à 23 millions de dollars. Le lancement d’Avant-Première, une nouvelle journée de preview le mardi, a immédiatement insufflé une nouvelle énergie, tandis que le vernissage VIP qui a suivi a confirmé une forte demande dans les secteurs moderne et contemporain.

Avant-Première

Cette année a marqué le lancement d’Avant-Première, un aperçu intimiste qui a permis aux galeries d’inviter leurs client·e·s les plus fidèles pour une visite exclusive le mardi, avant le vernissage VIP de la foire le mercredi. L’événement a généré un élan impressionnant, avec un total de ventes estimé entre 88 et 90 millions de dollars.

Les tableaux tardifs de maîtres du 20e siècle ont été au centre de l’activité sur le stand de Pace ce jour-là, avec trois ventes majeures. Le portrait méditatif d’Amedeo Modigliani Jeune fille aux macarons (1918) – peint lors du séjour de l’artiste dans le sud de la France à la fin de sa vie – s’est vendu juste en dessous de 10 millions de dollars. Children Playing (1999) d’Agnes Martin, issue de la série Innocent Love de l’artiste canado-américaine, a également trouvé preneur. Commencée alors que Martin avait quatre-vingts ans, la série l’a vue explorer l’exubérance enfantine avec une main légèrement plus libre et lyrique. Pace a vendu l’œuvre en acrylique et graphite pour 4,5 millions de dollars.

Une autre femme peintre a fait sensation lorsque Pace a vendu Alatji – Wild Yam, une abstraction acrylique d’Emily Kam Kngwarreye, pour 550 000 dollars. La défunte Kngwarreye est considérée comme une force motrice de l’art aborigène australien contemporain et fait actuellement l’objet d’une rétrospective majeure à la Tate Modern de Londres, visible jusqu’en janvier.

Une autre exposition institutionnelle a fait parler d’elle à Paris cette semaine. Couvrant plus de six décennies de travail, la rétrospective majeure de Gerhard Richter à la Fondation Louis Vuitton a ouvert ses portes avec des salles combles, suscitant un véritable engouement critique. Reflétant cet élan à l’échelle de la ville, Hauser & Wirth a présenté Abstraktes Bild (Tableau abstrait) (1987) – une grande toile aux multiples couches réalisée avec l’iconique technique de la raclette de Richter. L’œuvre s’est vendue pendant Avant-Première pour 23 millions de dollars, l’un des prix les plus élevés de la foire. Une autre toile également réalisée à la fin des années 1980, présentée par David Zwirner, a trouvé acquéreur pour 3,5 millions de dollars, soulignant la force d’attraction de Gerhard Richter sur les institutions comme sur le marché.

Le stand de David Zwirner est resté animé, avec des ventes supplémentaires incluant une sculpture monumentale suspendue, en cuivre et laiton, de la défunte Ruth Asawa pour 7,5 millions de dollars, et un tableau de Martin Kippenberger pour 5 millions. Complétant le succès des modernistes européens, Christophe Gaillard a vendu Tabula (1975) de Simon Hantaï – une composition bleue à motif de grille créée par la technique signature du pliage de l’artiste – pour environ 930 000 à 985 000 dollars.

Vernissage VIP

Si Avant-Première a permis de mettre en lumière la confiance du marché, le vernissage VIP du mercredi l’a confirmée. Alors que la foire s’ouvrait à un public plus large, les transactions ont atteint total chiffré en centaines de millions de dollars.

Hauser & Wirth a donné le ton dès le début avec la vente d’une œuvre particulièrement séminale de Bruce Nauman. Masturbating Man (1985) de l’artiste américain – une sculpture au néon présentant des silhouettes clignotantes et superposées d’une figure masculine saisie dans un mouvement répété – s’est vendue pour 4,75 millions de dollars. Une autre figure masculine imposante est apparue sur le stand de Thaddaeus Ropac, où Cowboy (2024) de Georg Baselitz – une sculpture en bronze sombre à la surface grossièrement taillée et aux membres allongés porteurs de poids – s’est vendue pour 4,65 millions de dollars.

En parralèle du succès enregistré par les sculptures, la peinture a également suscité l’engouement des collectionneur·euse·s. Chez White Cube, Charioteer (2007) de Julie Mehretu – un champ dynamique de marques tourbillonnantes superposées sur de faibles contours architecturaux – s’est vendue pour 11,5 millions de dollars. Yares Art a également fait état de résultats robustes, plaçant Sacramento Mall Proposal #5 (1978) de Frank Stella, d’une largeur de 2,60 mètres, pour 4 millions de dollars.

Premise

Le deuxième édition du secteur Premise, dédié aux présentations curatoriales ambitieuses, et souvent historiques, a rassemblé des artistes qui ont redéfini leurs domaines, avec des femmes exceptionnelles. Pauline Pavec a consacré son stand à Marie Bracquemond, une impressionniste française longtemps restée dans l’ombre, dont les tableaux baignés de lumière représentant jardins et scènes domestiques connaissent une reconnaissance renouvelée. Sept œuvres se sont vendues le premier jour de la foire, dans des prix allant de 45 000 à 60 000 dollars. Chez Tina Kim Gallery, les collectionneur·euse·s ont répondu avec enthousiasme aux textiles tactiles et abstraits de Lee ShinJa, l’une des pionnières coréennes de l’art de la fibre. Quatre œuvres de Lee ShinJa  se sont vendues : une pour 70 000 dollars, deux pour 90 000 dollars, et une autre pour 150 000 dollars.

Programme Public

L’énergie s’est étendue au-delà du Grand Palais, pour gagner toute la ville. À travers le Programme Public, des œuvres monumentales ont attiré une attention soutenue tant des collectionneur·euse·s que des passant·e·s. Juste à l’extérieur du Grand Palais, avenue Winston-Churchill, se dresse Usagi Greeting (440) (2025), une sculpture en bronze de Leiko Ikemura mettant en scène sa figure hybride récurrente lapin-humain usagi – symbole de souffrance, de résilience et de renouveau. Lisson Gallery a annoncé sa vente pour un peu plus de 925 000 dollars.

À quelques pas de là, dans la cour de l’Hôtel de la Marine place de la Concorde, Almine Rech présente Les Herbes folles du vieux logis (2020–2025) de Joël Andrianomearisoa, une installation textile à grande échelle explorant l’importance culturelle des traditions textiles malgaches. Faisant partie d’une série rendant hommage à un poète malgache, l’œuvre s’est vendue mercredi pour 250 000 dollars.

À mesure que les jours passent, les importantes acquisitions institutionnelles, la confiance croissante des collectionneur·euse·s et l'attention particulière portée aux artistes femmes et non occidentales illustrent un marché particulièrement dynamique et qui ne cesse de s'étendre.

Crédits et légendes

Elliat Albrecht est une autrice et une rédactrice basée au Canada. Elle est titulaire d'une licence en Critical and Cultural Practices de l'Emily Carr University of Art + Design et d'une maîtrise en Literary and Cultural Studies de l'université de Hong Kong.

Art Basel Paris se tient au Grand Palais du 24 au 26 octobre. Découvrez les participant∙e∙s et les informations détaillées ici.

Traduction française : Art Basel.

Légende de l'image d'en-tête : Vue d'Art Basel Paris 2025.

Publié le 23 Octobre 2025.